E.M
N’essayez pas d’enfermer E.M dans un style, il va s’en échapper et peut-être même disparaître encore pendant une dizaine d’années …
Artiste plus autodidacte que E.M, je n’en connais pas, l’art s’est présenté à lui dès son plus jeune âge, un don gamin comme on dit, “tu as des mains en or, ne les montre à personne”. Sauf que c’est assez mal connaître E.M. Eric suit une scolarité des plus banales voire un peu chaotique à Paris. Pourtant doué, il s’éloigne de l’art pendant une bonne partie de sa jeunesse allant fermer même la porte aux Beaux-Arts de Paris alors que son professeur de dessin fait des pieds et des mains anticipant même son entrée au sein de cette prestigieuse école … il refuse, il a 16 ans et trop de doutes en son talent.
Pourtant, l’art n’est jamais vraiment loin de son chemin et prend parfois des détours assez étonnants pour s’exprimer, on le retrouve donc à customiser des guitares électriques, des réservoirs de moto, des casques, sans avoir appris aucune technique de peinture, ou de vernissage, à l’instinct et ça marche … il doute toujours, ne se prend pas au sérieux et reste au bord de sa route artistique. Pourtant, l’art reste là, en embuscade, juste derrière, ne le quitte pas, lui fait de l’œil … régulièrement. Jeune adulte, E.M. coopère avec des illustrateurs, travaillant et faisant des piges au sein de divers journaux et magazines comme l’Etudiant, ça fonctionne encore ! La vie va mettre son grain de sel, une famille s’annonce qu’il faut nourrir et assumer, il va falloir trouver un travail sérieux ….
Les années passent, les enfants grandissent, l’art commence à pousser très, très fort, de plus en plus fort. Des rencontres importantes, on croit en lui, on le conseille, le fait travailler, il enrichit sa palette, il apprend seul de nouvelles techniques, s’essaye à la peinture à huile …ça ne marche pas, pas assez moderne pour lui ! Trop lent aussi, il n’a pas le temps, tellement de temps perdu, c’est son sentiment. Il trouve, enfin ! La peinture acrylique, le mortier de sculpture, des matières modernes ! Au boulot !
Il lâche son job, se lance avec peu de moyens, pas d’endroit pour peindre, pas d’atelier, mais la vie lui fait un cadeau, Micheline Choutt, une vieille dame sensible à son art qui l’accueille dans son garage d’un pavillon de la Banlieue nord à Stains, l’ancien atelier de son mari disparu lui-même peintre à ces heures perdues, l’aventure Artzenco commence … avec le thé et les goûters préparés par Micheline. Artzenco c’est un collectif d’artistes de divers horizons qu’Éric a découverts et réunis autour de lui, ensemble ils seront plus forts. Sa volonté : mettre l’art à la portée de tous, pas de galerie mais des expositions dans des lieux de vie et du quotidien : magasins d’ameublement, restaurants branchés salon de coiffure, etc… Peu importe, l’art est là ! Eric expose, vend et remporte même le 1er prix à l’Artistique de l’Isle Adam.
A cet instant, l’ambition d’Eric pour Artzenco mûrit, toucher plus de monde, notamment en entreprise, et puis aussi les architectes et décorateurs d’intérieur, ça fonctionne plutôt bien, il travaille en étroite collaboration avec un grand cabinet parisien, plusieurs entreprises s’intéressent à son projet d’intégrer l’Art au cœur même de leur société, pas simplement en exposant, non mieux que ça …. Mais là, coup dur, pas le temps pour réaliser ce projet, Éric manque cruellement de ressources, cette aventure artistique a eu un cout très élevé et pas simplement financier, il faut se remettre sur pied et la tête à l’endroit …
Il déménage. La Provence l’accueille, il a décroché un job à Marseille, principalement dans les quartiers Nord. Pas passionnant, mais ça lui permet de vivre. Pendant plusieurs années, loin des pinceaux et des toiles, Eric se nourrit inconsciemment de la cité phocéenne, de ses habitants, de ses couleurs et de la lumière qui baigne cette ville, il s’inspire de la Provence en général ! 2019, il quitte son job mais c’est encore trop tôt. La covid passe par là ! Il s’installe dans un petit village niché au pied d’une falaise : Cotignac. Il se reconnecte à lui, aux autres et au vivant.
2022, vous l’aurez sans doute compris, il était temps qu’E.M renoue avec son enfant intérieur et laisse exprimer son talent en espérant que vous y serez sensible
Bye Artzenco, bonjour OH’AZART !
UN AMI …
L’homme progresse tant qu’il accepte les épreuves. (Anthony Lipsey)